Littérature

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La BD et la littérature

La littérature, 5e art, dans le rôle de l’enfant du milieu, est une œuvre écrite, souvent présentée sous la forme d’un livre. Elle comprend la poésie, les romans, et de manière générale tout ce qui se raccroche à l’écriture.

Le cas des adaptations

La bande dessinée est un support régulièrement utilisé par les éditeurs pour décliner les grands classiques de la littérature présents dans leurs catalogues. Si toute adaptation n’est pas nécessairement réussie (ou même souhaitée) ce changement de médium peut toutefois apporter une nouvelle profondeur, un autre regard sur une œuvre.

Bonjour Tristesse, un livre de Françoise Sagan (1954, Julliard), raconte l’été d’une jeune fille sur la Côte d’Azur, en compagnie de son père et de ses maîtresses. Le bédéiste Frédéric Rebéna, en adaptant l’histoire, prend le parti de changer sa chronologie et fait commencer sa bande dessinée par la fin du livre, concentrant ainsi l’intrigue en huis clos.

Jean Harambat lui, décide de s’attaquer à un roman inachevé de Robert-Louis Stevenson, Hermiston. L’auteur lui donne vie et lui dessine une fin.



« Quand on se lance dans une adaptation, on pense surtout à ne pas réduire le texte et à se servir des ressources de la BD. On essaye de ne pas tomber dans de la sous-littérature. L’adaptation, c’est un jeu d’équilibre entre la fidélité, la compréhension, l’appropriation, la création, et la BD ».

Jean Harambat


On peut également noter le cas de Gemma Bovery de Posy Simmonds (2014, Denoël), un livre inspiré d’Emma Bovary de Gustave Flaubert, qui fut ensuite adapté en film. Un drôle de parcours, mais pourtant pas unique.

La poésie n’est pas en reste, et si Jean Harambat fait le choix de réutiliser des poèmes de Robert-Louis Stevenson dans son adaptation, Julian Peters, artiste Montréalais, s’aide quand à lui de la bande dessinée pour illustrer des poèmes classiques de la littérature anglaise, française et italienne. Son recueil, Poems to See by : A Comic Artist Interprets Great Poetry est en cours de publication chez Plough Publishing.

Ces exemples démontrent un décloisonnement visible entre les deux arts. Les albums pour enfants empruntent d’ailleurs beaucoup à la bande dessinée, que ce soit sur le fond ou sur la forme. Nicole Claveloux multiplie les références à Tintin, Donald et Bécassine dans ses livres tandis que Claude Ponti s’inspire d’œuvres telles que Little Nemo, Picsou ou encore Lucky-Luke.


Mais cet échange se fait dans les deux sens et la bande dessinée s’empare de genres pourtant longtemps pensés comme propre à la littérature, tels que l’autofiction et la biographie. On peut penser bien sûr Paul de Michel Rabagliati (2009-2019, La Pastèque) ainsi qu’à Maus de Art Spiegelman (1987, Flammarion) ou Persepolis de Marjane Satrapi (2000-2003, L’Association).

Il y a une association très forte entre roman graphique et autofiction, accentuée par ses grandes oeuvres emblématiques. La place du narrateur et de l’auteur y prend une autre dimension, un autre relief.



Le roman graphique

Qu’est-ce que le roman graphique ? Ce terme viendrait de Will Eisner, auteur d’Un bail avec dieu (1978, Bayonet Press), à la suite de multiples refus du manuscrit par les éditeurs. Pour certains, le roman graphique est un genre à part. Pour d’autres, c’est une bande dessinée ayant évolué, s’étant adaptée à un nouveau lectorat. Le roman graphique est donc considéré à la fois comme un pont entre la littérature et la bande dessinée, et comme une autre manière de la qualifier, déguisée de manière à échapper aux stéréotypes qui sont encore trop souvent imposés au 9e art. En effet, le mot bande dessinée évoque souvent deux choses, la BD franco-belge d’une part, les comics books de supers-héros d’autre part.


Le terme roman visuel commence également à faire son apparition, versant plus littéraire du roman graphique qui lui, resterait alors associé à la bande dessinée. Cette confusion des genres entraîne également une redéfinition des médias, définis par les groupes sociaux qui s’en emparent.



À lire :

  • Les apprentissages de Colette, Annie Goetzinger (2017, Dargaud)
  • La chambre de Lautréamont, Édith et Corcal (2012, Futuropolis)
  • Les derniers jours de Stefan Zweig, Guillaume Sorel d’après Laurent Seksik (2012, Casterman)

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