Arts visuels

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La BD et les arts visuels

Les arts visuels, un peu schizophrènes, comprennent plusieurs techniques et médiums différents, dont les principaux sont les arts plastiques, la photographie, les arts appliqués et les arts décoratifs.

Le premier point, qui semble être le plus évident, est que les arts visuels et la bande dessinée sont tous deux des arts picturaux, induisant une proximité intuitive.
Concernant la peinture, elle présente souvent une forme de séquentialité, caractéristique essentielle à la bande dessinée. La peinture médiévale, notamment, est souvent construite en saynètes, afin de raconter des épisodes de la Bible. On retrouve également des exemples plus récents comme la fresque de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine, ou encore celles du Jugement dernier dans les monastères roumains de Sucevita et Voronet.

La bande dessinée et les arts visuels, deux versants d’un même art ?

En allant plus loin, ne pourrait-on pas dire que la peinture et la bande dessinée ne sont en fait, qu’un seul art ? Ou en tout cas deux versants d’un même art ? Une série de peinture ne peut-elle être considérée comme une bande dessinée ? À l’inverse, une planche de BD ne peut-elle être une œuvre d’art, au même titre qu’une peinture ? Après tout, certaines bandes dessinées sont désormais vendues aux enchères, mettant alors les deux arts sur le même plan. La planche est encadrée, détachée de son ouvrage, elle n’a plus de fonction ludique mais acquiert une fonction esthétique.

© Premier exemplaire, Marvel Comics (Timely Comics)

De plus, le ludique a désormais sa place dans les musées, réhabilitant ainsi la bande dessinée, art ludique par excellence. Il existe même à Paris, et ce depuis 2013, un musée d’Art Ludique.
D’ailleurs le premier exemplaire Marvel Comics (à gauche) a été vendu aux enchères pour 1,66 million de dollars canadien par la maison de vente Heritage Auctions.

© Look Mickey, Roy Lichtenstein (1961, National Gallery of Art de Washington) 

Certains artistes du 3e art se sont d’ailleurs réappropriés des codes issus de la bande dessinée, à l’instar de Roy Lichtenstein qui représente dans ses œuvres des personnages de la pop culture, tels que Mickey ou les superhéros de DC Comics. De manière plus étonnante, le peintre Pablo Picasso s’est également inspiré de la bande dessinée pour nourrir son art. Sa première œuvre engagée, Songe et Mensonge de Franco (1937, Musée des beaux-arts du Canada), est composée de 18 cases, avec une fonction narrative forte.


L’importance de l’imaginaire collectif

Ce mélange des genres est la preuve de la puissance de l’imaginaire collectif et des références encyclopédiques que l’on engrange au cours de notre vie en les intégrant à notre identité et donc, à notre art. On utilise également ses références pour décrypter ce qui nous entoure, et c’est grâce à cela que l’on peut comprendre la démarche de certains artistes qui revisitent d’autres œuvres. On peut citer à titre d’exemple Samuel Stento, qui s’empare des personnages d’Hergé pour certaines de ses peintures. Plusieurs dessinateurs se sont également appliqués à retranscrire la séquentialité de la bande dessinée en créant un avant et un après, ou bien une suite à certaines œuvres iconiques. C’est Bosc qui, en premier, inaugure cette pratique dans Paris Match en 1964 avec l’Angélus de Millet. En 2012 et 2014, Sylvain Coissard continue cette tradition avec l’aide de plusieurs dessinateurs dans deux volumes de ses (Vraies) Histoires de l’art aux éditions Palette.

On peut d’ailleurs penser que c’est en partie grâce à la bande dessinée que certaines œuvres picturales sont entrées dans l’imaginaire collectif. La bande dessinée est l’héritière de la caricature, un genre très en vogue au XIXe qui en usait et abusait dans les journaux, entre autres pour critiquer et se moquer de l’art abstrait. En en faisant un gag récurrent, la bande dessinée a participé à ancrer ses oeuvres dans l’imaginaire collectif.

Envie d’en savoir plus ?

  • Tom Thompson, esquisses du printemps, Sandrine Revel (2019, Dargaud)
  • La ligne de front, Manu Larcenet (2004, Dargaud)
  • Castello, André-Philippe Côté (1993, Fallardeau)

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